Trois jours de paralysie programmée pour sauver l’Europe… ou pas
Mesdames et messieurs, préparez vos nerfs et vos itinéraires de contournement ! Du 22 au 24 octobre 2025, notre chère capitale européenne s’apprête à vivre son énième épisode de chaos organisé. Trois jours complets où Bruxelles va se transformer en forteresse imprenable, où les sirènes des cortèges présidentiels vont bercer vos oreilles, et où vous découvrirez l’art subtil de faire 20 kilomètres pour parcourir 2 kilomètres. Bienvenue dans le grand théâtre du Sommet européen !
Le Grand Barnum de la Sécurité
Les forces de l’ordre ont déjà sorti leur plus beau matériel : périmètres de sécurité à tous les coins de rue, barrières métalliques à perte de vue, et cette petite phrase magique que tout Bruxellois connaît par cœur : « Seules les personnes autorisées pourront y pénétrer ».
Imaginez le tableau : la rue de la Loi, déjà embouteillée en temps normal, transformée en no man’s land. Le quartier européen, coupé du monde. Et nos 27 chefs d’État qui vont débarquer chacun avec leur cortège de 15 voitures, leurs motards, leurs hélicoptères, et probablement leur coiffeur personnel. Parce que soyons réalistes, on ne sauve pas l’Europe avec des cheveux mal coiffés.
La police de Bruxelles, dans sa grande sagesse, nous prévient déjà : circulation locale uniquement dans certaines rues, trajets empruntés par les convois officiels fermés à la circulation, et j’en passe. En gros, si vous habitez dans le centre de Bruxelles, restez chez vous. Ou mieux encore, partez en week-end prolongé.
L’Ordre du Jour : Entre Grandes Ambitions et Petites Réalités
Mais au fait, à quoi va servir ce grand dérangement ? Eh bien, accrochez-vous, car le programme est… ambitieux. Ou délirant, c’est selon votre degré d’optimisme européen.
Premier acte : Le Sommet UE-Égypte (22 octobre)
Pour commencer en beauté, nos dirigeants vont recevoir le président égyptien Abdul Fattah al-Sissi pour le tout premier sommet UE-Égypte. L’objectif ? « Renforcer la coopération bilatérale et promouvoir la stabilité, la paix et la prospérité dans la région euro-méditerranéenne ».
Traduction : l’Europe a besoin de l’Égypte pour contrôler les flux migratoires, et l’Égypte a besoin d’argent européen. Un mariage d’amour, en somme. On va parler de la situation au Moyen-Orient (spoiler : elle ne s’améliorera pas après une journée de discussions), de la guerre en Ukraine (re-spoiler : elle non plus), et probablement échanger quelques promesses qu’on aura oubliées d’ici Noël.
Deuxième acte : Le Conseil Européen (23-24 octobre)
Puis nos 27 dirigeants vont se retrouver en petit comité pour parler des « vraies » choses. Au menu, selon les précédents sommets : l’Ukraine (encore), la défense européenne (toujours), les migrations (évidemment), et la compétitivité (naturellement).
Car oui, après des années de sommets européens, nous en sommes toujours au même point sur ces sujets. Mais cette fois-ci, promis, ça va être différent ! Ils vont vraiment, vraiment se mettre d’accord. Enfin, peut-être. En fait, probablement pas, mais ils vont essayer très fort.
La Défense Européenne : L’Éternel Serpent de Mer
Le sommet informal de Copenhague du 1er octobre a déjà donné le ton. Nos dirigeants ont parlé d’un « mur anti-drones » et de renforcer le soutien à l’Ukraine. Magnifique ! Après trois ans de guerre, ils découvrent qu’il faudrait peut-être se défendre.
Le Conseil vient même d’adopter une position « pour inciter aux investissements liés à la défense dans le budget de l’UE ». Traduction : on va enfin mettre de l’argent là où on met notre bouche depuis des décennies. Révolutionnaire !
Ursula von der Leyen nous explique gravement que l’Europe « doit répondre » face à la « guerre hybride menée par la Russie ». Merci Ursula, on avait pas remarqué qu’il fallait répondre à une agression qui dure depuis trois ans.
L’Ukraine : Le Dossier qui ne Finit Jamais
Parlons-en justement, de l’Ukraine. Nos dirigeants vont encore une fois « réaffirmer leur soutien indéfectible » et « adopter de nouvelles sanctions contre la Russie ». Comme les 18 paquets de sanctions précédents qui ont été… comment dire… d’une efficacité limitée.
La Commission européenne souhaite même adosser un prêt de 140 milliards d’euros pour l’Ukraine à ces nouvelles mesures. 140 milliards ! De quoi refaire quelques autoroutes européennes, mais bon, les priorités…
Et pendant ce temps, la guerre continue, Poutine se moque éperdument de nos sanctions, et nos dirigeants continuent de croire qu’à force de communiqués bien sentis, la réalité va changer.
Les Migrations : Le Sujet Tabou
Bien sûr, on parlera aussi de migrations. Parce qu’il faut bien faire semblant de s’attaquer à ce sujet explosif qui fait trembler tous les gouvernements européens. L’Égypte, justement, c’est pratique : elle peut nous aider à « stabiliser » les flux migratoires. Moyennant finances, évidemment.
On va signer de beaux accords, promettre de l’aide au développement, et croiser les doigts pour que les gens restent chez eux. Une stratégie d’une subtilité remarquable, qui a fait ses preuves depuis… jamais, en fait.
La Compétitivité : Le Mantra Européen
Et puis, comme dans tout sommet européen qui se respecte, on parlera de « compétitivité ». Ce mot magique qui résout tous les problèmes économiques européens depuis 20 ans. Nous ne sommes pas assez compétitifs face à la Chine, face aux États-Unis, face à… tout le monde, en fait.
Alors on va créer une énième commission, lancer un nouveau plan stratégique, et promettre de révolutionner l’économie européenne. D’ici le prochain sommet, où on se rendra compte que rien n’a changé et qu’il faut… devenir plus compétitifs.
Le Grand Gagnant : Les Restaurateurs du Quartier Européen
Au final, qui sortira vraiment gagnant de ces trois jours de grande diplomatie ? Les restaurateurs des alentours, qui vont voir débarquer des centaines de journalistes, diplomates, et autres suiveurs du cirque européen. Les hôtels de luxe de Bruxelles, qui affichent déjà complet. Et peut-être les vendeurs de parapluies, parce qu’en octobre à Bruxelles, il pleut toujours.
Et Après ?
Alors, est-ce que ce sommet va vraiment faire avancer les choses ? Est-ce que nos dirigeants vont enfin trouver des solutions miracles aux crises qui secouent l’Europe depuis des années ?
Permettez-moi un petit éclat de rire. Dans trois mois, il y aura un autre sommet européen, avec le même ordre du jour, les mêmes enjeux, et les même promesses. La guerre en Ukraine continuera, les migrants continueront de frapper aux portes de l’Europe, et nos dirigeants continueront de se retrouver pour « échanger leurs vues » et « coordonner leurs positions ».
En attendant, les Bruxellois auront survécu à trois jours d’embouteillages monstres, de sirènes incessantes, et de périmètres de sécurité ubiquitaires. Ils auront eu le privilège d’assister, de loin et dans le bruit, au grand spectacle de la diplomatie européenne.
Car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit : un spectacle. Un spectacle coûteux, perturbateur, et d’une efficacité douteuse. Mais un spectacle nécessaire pour maintenir l’illusion que l’Europe avance, qu’elle décide, qu’elle agit.
Alors rendez-vous les 22, 23 et 24 octobre, chers Bruxellois. Sortez vos vélos, vos chaussures de marche, et votre patience. Le grand cirque européen arrive en ville !


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