Parce qu’il faut bien occuper nos équipes communales entre deux polémiques sur la LEZ.

Ah ! Enfin une actualité qui ne finira pas devant la Cour constitutionnelle ! La Ville de Bruxelles vient d’annoncer avec la solennité d’une déclaration de guerre que la rue Van Moer aura droit à un lifting de ses pavés dès le 15 septembre 2025. Durée prévue des festivités : 5 à 6 semaines, « sous réserve de conditions météorologiques favorables » Ville de Bruxelles.

Le Grand Chantier de l’Automne

Car oui, à Bruxelles, même repaver une rue nécessite un communiqué officiel. On n’est jamais trop prudent ! Imaginez le drame si les riverains découvraient du jour au lendemain des ouvriers en train de… travailler. Le traumatisme serait irréparable.

La rue Van Moer rejoint ainsi le club très select des rues bruxelloises jugées dignes d’un repavage intégral. Un honneur rare dans notre capitale où certaines artères semblent avoir conservé les pavés d’origine de l’époque de Léopold II.

L’Art du Timing Parfait

Bien évidemment, ces travaux débutent pile au moment où les feuilles mortes commenceront à tomber et où les premières pluies d’automne feront leur apparition. Parce qu’à Bruxelles, on aime la difficulté ! Pourquoi repaver au printemps quand on peut le faire sous la grisaille automnale ?

« Sous réserve de conditions météorologiques favorables », précise-t-on avec un optimisme touchant. Traduction : « Si il pleut trop, on reporte à l’année prochaine, et tant pis pour vos amortisseurs. »

5 à 6 Semaines : L’Estimation Optimiste

Ah, cette délicieuse fourchette temporelle ! 5 à 6 semaines pour repaver une rue. Dans le secteur privé, on appellerait ça une « estimation généreuse ». Dans le secteur public bruxellois, c’est un « planning réaliste ».

Bien sûr, nous connaissons tous la règle d’or des travaux bruxellois : multipliez par deux la durée annoncée, ajoutez une panne d’équipement, une grève surprise, et quelques découvertes archéologiques inattendues (« Tiens, des pavés romains ! »), et vous obtenez la durée réelle.

Les Riverains, Héros Involontaires

Pensée émue pour les habitants et commerçants de la rue Van Moer qui vont découvrir les joies du bruit matinal des marteaux-piqueurs dès 7h du matin. Sans oublier le ballet incessant des camions et cette poussière fine qui s’infiltrera partout, y compris dans leur café du matin.

Mais bon, c’est pour la bonne cause ! Dans quelques mois (ou années, selon les aléas climatiques et administratifs), ils pourront enfin rouler sur des pavés neufs pendant… quelques années, avant le prochain chantier.

L’Économie Circulaire Version Bruxelloise

Car il faut le savoir : à Bruxelles, le repavage suit un cycle quasi astronomique. D’abord on pose les pavés. Puis on les arrache pour passer des câbles. Puis on les repose. Puis on les re-arrache pour moderniser les canalisations. Puis on les re-re-pose. Et ainsi de suite.

La rue Van Moer entre donc dans ce cercle vertueux du BTP communal, où chaque génération de Bruxellois peut admirer au moins une fois dans sa vie le spectacle d’hommes en gilets jaunes cassant méthodiquement ce que leurs prédécesseurs avaient si soigneusement construit.

Communication 2.0

Notons l’effort de transparence de nos édiles qui annoncent les travaux… pile quand ils commencent. Une stratégie de communication audacieuse qui évite les protestations préventives des riverains. Malin !

« Ah, vous n’étiez pas au courant ? Pourtant c’était sur le site internet de la Ville, rubrique ‘Actualités’, sous-section ‘Travaux’, page 3, en caractères 8. »

Le Mystère Van Moer

Reste une question existentielle : pourquoi la rue Van Moer ? Qu’a-t-elle fait pour mériter cet honneur ? Ses pavés étaient-ils particulièrement défaillants ? Ses nids-de-poule exceptionnellement profonds ?

Ou bien s’agit-il simplement du tirage au sort annuel des rues à traumatiser ? « Cette année, c’est Van Moer ! L’année prochaine, on verra… »

Prévisions Météo Obligatoires

Surveillez bien vos applications météo cet automne ! Car désormais, la pluie ne sera plus seulement une source d’ennui pour vos sorties, mais également un facteur de prolongation officiel du chantier Van Moer.

Chaque ondée pourrait repousser de quelques jours la fin des travaux. Chaque tempête pourrait nécessiter de « revoir le planning ». Et si jamais nous avons un automne pluvieux… eh bien, les riverains découvriront peut-être les joies du repavage version hivernale.

Leçon de Patience Urbaine

Au final, cette annonciation solennelle du repavage de la rue Van Moer nous rappelle une vérité bruxelloise fondamentale : dans notre capitale, même les travaux de voirie font l’objet d’une communication officielle.

C’est touchant, cette attention portée à chaque pierre, chaque pavé, chaque nid-de-poule. Cela témoigne d’un souci du détail et d’une dévotion communale qu’on ne trouve nulle part ailleurs.

En attendant, les habitants de la rue Van Moer peuvent commencer à faire leurs réserves de café et investir dans de bons casques anti-bruit. Parce que 5 à 6 semaines de repavage, c’est long. Très long.

Mais au moins, contrairement à la LEZ, personne ne viendra suspendre le chantier en cours de route !