Nuit de la Saint-Sylvestre à Bruxelles: les trottinettes seront interdites

17 Déc 2025 | Actualité | 0 commentaires

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À Bruxelles, l’interdiction des trottinettes électriques la nuit du réveillon suscite débats

Pour la nuit de la Saint-Sylvestre 2025-2026, Bruxelles prévoit de bannir les trottinettes partagées et privées du 31 décembre au 1er janvier, une mesure inédite destinée à prévenir troubles à l’ordre public et accidents graves. À la croisée des enjeux de sécurité, de libertés individuelles et de régulation de la micromobilité, cette décision interroge sur son efficacité réelle et ses implications juridiques.

Une mesure exceptionnelle pour une nuit à haut risque

Concrètement, le ministre-président en affaires courantes, Rudi Vervoort (PS), a confirmé en commission du Parlement régional son intention de prendre un arrêté limitant totalement l’usage des trottinettes électriques – partagées et privées – durant la nuit du réveillon. L’interdiction s’appliquera entre une heure précise le 31 décembre 2025 et une heure définie le 1er janvier 2026. Pour les opérateurs, cela implique de retirer leurs engins des espaces publics, non seulement dans les « hotspots » identifiés pour le trafic de drogue, mais également dans d’autres quartiers problématiques. Les 19 bourgmestres bruxellois ont été sollicités pour proposer les périmètres concernés, tandis que l’arrêté devra rester « proportionné » afin d’éviter tout rejet par le Conseil d’État.

Entre incidents et saturation des urgences

Chaque année, la nuit de la Saint-Sylvestre à Bruxelles est marquée par une flambée d’incidents : l’an dernier, la police a procédé à 159 arrestations et recensé plusieurs dizaines d’actes de délinquance, allant de l’incendie d’engins à la création d’obstacles pour gêner l’intervention des pompiers. Parallèlement, la consommation excessive d’alcool et de stupéfiants lors des festivités accroît le risque d’accidents graves en trottinette. Selon le ministre-président, le « cocktail toxique » formé par l’affluence, l’imprévisibilité des usagers et ces nouvelles mobilités légères peut saturer les services d’urgence et provoquer des traumatismes lourds. À terme, le recours à une interdiction ponctuelle vise à soulager les équipes de secours et à limiter l’exposition de la population à des dangers évitables.

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Usages détournés et trafic de stupéfiants

Au-delà des accidents, les trottinettes électriques sont devenues un outil privilégié pour le trafic de stupéfiants dans la capitale. Le Procureur du Roi de Bruxelles, Julien Moinil, alerte sur l’usage croissant de ces engins pour transporter drogue et aider à la fuite des dealers après les échanges. De plus, certains auteurs de fusillades se sont appuyés sur ces véhicules pour se déplacer rapidement en zone urbaine. En réaction, une mesure d’identification rigoureuse est effective depuis le 3 décembre 2025 : tout utilisateur de trottinette partagée doit présenter une carte d’identité officielle et un selfie pour déverrouiller l’engin. Cette traçabilité vise à dissuader les usages criminels, mais certains estiment qu’elle reste insuffisante lors de pics de festivités où l’on compte sur la réactivité plutôt que sur la transparence des usagers.

Contestation et questions juridiques

Cependant, l’interdiction soulève des critiques de la part des opérateurs et d’usagers réguliers. Ceux-ci dénoncent une restriction de la liberté de circulation et estiment que la mesure ne s’attaque pas aux véritables responsables des troubles : elle viserait un symptôme plutôt que la cause. En outre, il existe un risque que le Conseil d’État juge l’arrêté disproportionné si les périmètres choisis ou les horaires ne sont pas justifiés par des données précises. Les opérateurs redoutent aussi des coûts techniques importants pour le retrait et la relocalisation des engins en pleine nuit. Enfin, certains experts juridiques mettent en garde contre un précédent qui pourrait encourager des mesures d’exception de plus en plus fréquentes, fragilisant ainsi le principe de liberté de circulation dans l’espace public.

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Quelle efficacité pour des mesures temporaires ?

À Paris, Lyon ou Amsterdam, des interdictions nocturnes ou des zones à accès restreint ont déjà été expérimentées, mais généralement de façon plus ciblée et plus longue que le simple réveillon bruxellois. En pratique, ces initiatives ont réduit le nombre d’accidents et de débordements, mais ont parfois déplacé le problème vers d’autres quartiers ou modes de transport tels que vélos ou scooters. À Bruxelles, la mesure se veut avant tout ponctuelle, reposant sur la notion de période à risque élevé. Reste à savoir si, au-delà de l’effet d’annonce et du message fort envoyé aux potentiels fauteurs de troubles, cette interdiction temporaire suffira à atténuer les incidents ou simplement à les déplacer vers le lendemain ou d’autres moyens de locomotion. Les autorités devront évaluer de près les indicateurs de sécurité et le ressenti des riverains pour ajuster, à l’avenir, la régulation de la micromobilité en période festive.

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