Saint-Josse–ten-Noode : un coup de massue sur les tarifs sportifs
Le club de rugby BUC Saint-Josse a suspendu son entraînement mercredi soir pour protester contre une augmentation jugée « insensée » des tarifs communaux, qui passent de 811,50 € à entre 24 000 et 40 000 € par an. Cette décision, prise sans concertation, cristallise les tensions entre l’urgence d’équilibrer les comptes de la petite commune bruxelloise et la préservation de l’accès au sport pour tous.
Une augmentation brutale dénoncée par le BUC Rugby
Le 5 décembre dernier, le président du BUC Rugby, David Almer, a reçu un courrier l’informant qu’à partir du 10 décembre, la location du terrain communal serait facturée non plus 811,50 €, mais entre 24 000 € et 40 000 € par an. « On va passer de 811,50 € à 24 000–40 000 €. C’est de la folie », s’est exclamé le dirigeant. En guise de riposte, le club a décidé de suspendre son entraînement mercredi soir et de recourir à un avocat. Selon lui, si le tarif historique était manifestement trop bas au regard des coûts réels d’exploitation, une augmentation de 3 000 % à 4 800 % prive purement et simplement les associations sportives modestes d’accès aux installations.
Saint-Josse sous tutelle : le poids d’une crise financière
La commune de Saint-Josse–ten-Noode est depuis plusieurs années sous la tutelle financière de la Région bruxelloise. Avec près de 27 000 habitants et des ressources limitées, elle affiche régulièrement des budgets déficitaires. Pour renouer avec l’équilibre en 2026-2027, le bourgmestre Emir Kir a fait voter en urgence un budget d’austérité : suppression de la prime de fin d’année et des chèques-repas pour le personnel communal, coupes dans les subsides, et désormais forte hausse des tarifs pour les clubs sportifs. Le chef de file PS, Philippe Boïketé, parle d’une « fuite en avant budgétaire » et craint que ces mesures drastiques ne mettent à mal la cohésion sociale et le lien avec les associations locales.
Un accès au sport menacé pour les quartiers populaires
Concrètement, la multiplication par 30 à 50 du coût de location d’un terrain communal fragilise les petites structures à but non lucratif. Les clubs de quartiers, souvent animés par des bénévoles et soutenus par des familles à revenus modestes, pourraient devoir renoncer à leurs activités ou même fermer. À terme, c’est toute une génération de jeunes du centre-ville de Bruxelles qui risquerait de perdre l’accès à un lieu de socialisation et d’éducation sportive. En pratique, le sport amateur joue un rôle essentiel pour prévenir l’isolement, développer l’esprit d’équipe et offrir des projets d’avenir à des publics vulnérables.
Un débat politique sans concertation préalable
Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer le manque de dialogue. Le BUC Rugby affirme avoir été mis devant le fait accompli, sans étude d’impact ni proposition de transition progressive. De son côté, l’opposition socialiste estime que le collège communale a pris des décisions « non tenables » et risque de perdre l’adhésion des habitants. Les élus réclament la mise en place d’un comité de concertation avec les clubs sportifs, le personnel communal et les acteurs sociaux pour définir un barème raisonnable et adapté aux réalités financières de chacun.
Quelles alternatives pour concilier budget et sport ?
Plusieurs pistes pourraient être explorées pour réduire la facture sans renoncer à l’équilibre budgétaire. D’abord, introduire un tarif modulé en fonction de la taille et des ressources des clubs, afin de préserver les plus petites associations. Ensuite, mettre en place un système de parrainage ou de mécénat local, invitant les entreprises du quartier à soutenir l’entretien des installations en échange de visibilité. Enfin, mutualiser les équipements avec les communes voisines ou la Région pour réduire les coûts unitaires et optimiser la gestion des terrains.
Enjeux à long terme : entre solidarité et rigueur
À terme, c’est le modèle même de la solidarité communale qui est interrogé. Comment une municipalité en difficulté peut-elle financer ses missions sociales et sportives sans pénaliser ses habitants ? L’exemple de Saint-Josse rappelle que les inégalités se creusent entre communes riches et communes pauvres, non seulement en termes d’infrastructures, mais aussi d’accès au sport et aux loisirs. L’enjeu est donc double : redresser les finances publiques tout en garantissant que les équipements restent ouverts à tous, y compris aux publics les plus fragiles.
Le dialogue reste la clé pour sortir de l’impasse. En réunissant élus, clubs sportifs et associations, la commune pourrait construire un compromis où chaque partie assume une part de l’effort. Sans concertation, le risque est de voir disparaître des initiatives de terrain essentielles à la cohésion sociale de Saint-Josse–ten-Noode.
Olivier Meynaerts est un éditorialiste aguerri avec une expérience dans le domaine de l’analyse et de la critique. Reconnu pour sa capacité à interpréter l’actualité avec perspicacité, il offre des perspectives éclairées et provocantes. Sa plume incisive et son engagement envers une information de qualité font de lui un leader d’opinion respecté, guidant notre équipe avec détermination.


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