Grève en Fédération Wallonie-Bruxelles : un impact très contrasté dans les communes de Bruxelles

16 Déc 2025 | Actualité | 0 commentaires

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Grève en Fédération Wallonie-Bruxelles : à Bruxelles, entre normalité et perturbations

La journée de grève organisée par le personnel de la Fédération Wallonie-Bruxelles a révélé des écarts importants selon les communes de la Région bruxelloise. Dans certaines localités, écoles et crèches ont poursuivi leurs activités presque normalement, tandis que d’autres ont dû réduire ou suspendre une grande partie de leurs services. Cette fracture locale interroge sur l’équité d’accès aux services publics et la capacité des autorités à anticiper et coordonner de tels mouvements.

Des communes peu affectées par le mouvement

Dès le matin, plusieurs bourgmestres ont fait état d’un suivi de la grève limité. À Uccle, Boris Dilliès rapporte « aucune perturbation à signaler » dans les écoles communales et les crèches. De même, à Anderlecht, sur neuf crèches, une seule a fermé, et toutes les écoles ont maintenu leurs portes ouvertes. À Saint-Josse, seules deux crèches sont perturbées, tandis que les établissements scolaires fonctionnent normalement. À Etterbeek, le maire Vincent De Wolf souligne qu’à peine sept enseignants sur 250 ont cessé le travail, soit un taux de grévistes inférieur à 3 %.

« Toutes les crèches sont ouvertes, même si certaines sections ont dû fermer », précise Sophie de Vos, bourgmestre d’Auderghem, où deux crèches ont fonctionné normalement tandis que deux autres ont réduit leurs activités par manque de personnel. Dans les quatre écoles communales d’Auderghem, une seule a suspendu l’accueil extrascolaire, et même annulé les cours tout en assurant une présence pour encadrer les enfants.

Concrètement, ces communes ont pu s’appuyer sur une organisation interne solide et un engagement moindre du personnel enseignant et des puéricultrices. Les services extrascolaires restent cependant parfois limités, car les effectifs mobilisés pour assurer la garde avant et après les heures de classe demeurent fragiles.

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Ce mouvement s’inscrit dans une série de grèves du secteur public en Fédération Wallonie-Bruxelles, où les organisations syndicales réclament depuis plusieurs années davantage de moyens, des effectifs renforcés et une revalorisation des salaires. L’autorité de la Fédération, en charge de l’enseignement et de la petite enfance, doit composer avec un décalage grandissant entre la demande des usagers et les ressources disponibles.

Des communes très touchées, Ixelles en tête

À l’inverse, la commune d’Ixelles affiche un taux de participation exceptionnel. Selon les autorités communales, 85 % des écoles ont été impactées, certaines fermant totalement l’accueil extrascolaire avant et après les cours. En matière de garde d’enfants en bas âge, la tension atteint son paroxysme : environ 70 % des places en crèche étaient fermées faute de personnel suffisant.

Ces perturbations ont conduit plusieurs écoles à inviter les parents à venir chercher leurs enfants dès 15h30, à la fin des cours, voire à annuler certains cours tout en maintenant une présence minimaliste pour encadrer les élèves. La fermeture massive des crèches a mis en lumière la pénurie chronique de puéricultrices et l’absence de plans de remplacement efficaces au sein de cette commune.

En pratique, ces difficultés révèlent un manque de personnel de réserve et d’organisation coordonnée entre services scolaires et communaux, accentuant l’impact opérationnel de la grève sur le terrain.

Familles en première ligne : gérer l’urgence au quotidien

Lorsque les services de garde et les accueils extrascolaires ferment, les parents se retrouvent en première ligne. De nombreux salariés ont dû jongler entre leurs responsabilités professionnelles et l’accueil imprévu de leurs enfants. Les familles monoparentales, déjà exposées à des difficultés spécifiques, ont particulièrement ressenti la pression de ces fermetures.

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Certains ont sollicité des jours de congé ou travaillé en mode « télétravail de secours », tandis que d’autres ont fait appel à des réseaux informels : grands-parents, voisins, baby-sitters. Ces solutions, souvent provisoires et coûteuses, révèlent une inégalité d’accès selon les ressources financières et le réseau familial dont disposent les parents.

À terme, ces mouvements pointent l’insuffisance de l’adaptation des services publics aux aléas de la grève et la nécessité d’anticiper des plans de continuité mieux coordonnés pour limiter l’impact sur le quotidien des habitants bruxellois.

Le silence de la Ville de Bruxelles : une posture contestée

Fait notable, la Ville de Bruxelles a choisi de ne pas communiquer sur l’impact du mouvement social. Le bourgmestre Philippe Close a justifié ce silence en arguant qu’il ne souhaitait pas « casser le mouvement social en commentant la situation ». Cette délibération déplace la question de la responsabilité politique vers le terrain du dialogue social.

Cependant, certains acteurs locaux dénoncent une forme d’opacité. Ils estiment que l’absence de données officielles empêche d’évaluer précisément la portée de la grève et de comparer la situation bruxelloise à celle d’autres régions. Cette posture interroge sur l’importance d’une communication transparente, indispensable pour ajuster l’organisation des services et anticiper des perturbations à venir.

Perspectives : vers une équité intercommunale renforcée ?

La forte disparité constatée entre les communes soulève plusieurs enjeux : garantir l’égalité d’accès aux services publics, de l’éducation à la garde d’enfants, sur l’ensemble du territoire bruxellois, et renforcer la résilience du système face aux mouvements sociaux. Plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  • Renforcer les effectifs de remplacement pour assurer la continuité de l’accueil en période de grève.
  • Mettre en place un observatoire intercommunal pour centraliser les données sur les perturbations et coordonner les réponses.
  • Encourager le dialogue entre syndicats, autorités locales et fédérales pour définir des engagements de service minimum, notamment dans la petite enfance.
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À terme, l’objectif est de concilier efficacement le droit de grève, pilier de la démocratie belge, avec la garantie d’un accès régulier et équitable aux services publics essentiels. Les enseignements tirés de cette mobilisation pourraient constituer le socle d’une réforme visant à renforcer la cohésion sociale et l’efficacité des services offerts aux familles bruxelloises.

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