Dossier spécial : La transition énergétique à Bruxelles – Vers une capitale 100% renouvelable

27 Août 2025 | Politique

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Bruxelles accélère sa transition énergétique avec des projets innovants combinant solaire, éolien, géothermie et communautés d’énergie. Objectif : neutralité carbone en 2050 et sortie des énergies fossiles d’ici 2025-2030.

L’urgence climatique au cœur de l’action bruxelloise

La Région de Bruxelles-Capitale s’est fixée des objectifs ambitieux : réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050. Cette transformation s’accélère en 2025 avec des projets concrets qui révolutionnent le paysage énergétique de la capitale.

Depuis l’adoption du Plan Air-Climat-Énergie en avril 2023, la région a mis sur une approche intégrée combinant production d’énergie renouvelable locale, efficacité énergétique et solidarité citoyenne. Les résultats sont déjà tangibles : plus de 23 000 installations photovoltaïques certifiées, des communautés d’énergie qui rassemblent plus de 1 000 participants, et des projets pilotes qui positionnent Bruxelles comme laboratoire de l’innovation énergétique européenne.

Le solaire photovoltaïque : un succès bruxellois en pleine expansion

Des chiffres impressionnants

Au 7 janvier 2025, la Région bruxelloise comptait 23 316 installations photovoltaïques certifiées et actives , représentant une montée en puissance spectaculaire depuis les premiers déployés en 2006. Cette croissance s’explique par des mécanismes de soutien efficaces : primes régionales, avantages fiscaux, et certificats verts qui rendent l’investissement photovoltaïque particulièrement attractif.

Le potentiel reste énorme : 20 millions de m² de toitures présentent un excellent potentiel solaire, mais seulement 3% des toits bruxellois sont équipés de panneaux. La Carte Solaire interactive (cartesolaire.brussels) permet à chaque Bruxellois de calculer gratuitement le potentiel de son toit, démocratisant ainsi l’accès à cette technologie.

Rendement et performance

Les panneaux photovoltaïques bruxellois affichent un rendement annuel de 12 à 16% , produisant entre 120 et 160 kWh par m² et par an . En conditions optimales, une installation de 1 kWc génère près de 1 000 kWh annuellement, permettant à un ménage moyen d’autoconsommation d’environ 30 % de sa production, le surplus étant réinjecté sur le réseau.

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L’autorisation des panneaux photovoltaïques « plug and play » à partir d’avril 2025 simplifie encore l’accès à cette technologie, avec obligation de notification mais sans démarches administratives lourdes.

L’éolien urbain : innovation et perspectives

Premier prototype à Laeken

En septembre 2024, la Ville de Bruxelles a inauguré une première éolienne urbaine sur le toit d’une tour de logements avenue de l’Héliport à Laeken. Ce projet pilote, développé en collaboration avec la start-up wallonne Renewind (issue du groupe Sonaca), marque une étape importante dans la diversification énergétique de la capitale.

Ce prototype d’éolienne, conçu pour exploiter l’accélération du vent en bord de toiture, peut produire entre 1 et 3 MWh par an . Le programme pilote d’un an doit permettre d’évaluer les performances réelles en milieu urbain avant une déploiement éventuel à plus grande échelle.

Objectifs ambitieux

La Ville de Bruxelles s’est fixé l’objectif de produire 6 GWh d’électricité verte et locale d’ici 2030 . Avec 66% de cet objectif déjà atteint grâce au photovoltaïque, l’éolien urbain pourrait combler l’écart restant. Sur le seul bâtiment pilote, dix éoliennes pourraient être installées à terme, et de nombreux autres toits bruxellois présentent un potentiel similaire.

L’avantage de l’éolien urbain réside dans sa complémentarité avec le solaire : production stable en toute saison avec un rendement visible, contrairement aux panneaux photovoltaïques dont l’efficacité varie selon l’ensoleillement.

Géothermie et réseaux de chaleur : l’innovation souterraine

Le projet Be.Share : pionnier européen

Le projet Be.Share , lancé dans le Quartier Nord de Bruxelles, constitue le premier réseau de chaleur bas carbone de la région. Cofinancé à hauteur de 5 millions d’euros par l’Union européenne dans le cadre du programme European Urban Initiative, ce projet illustre l’ambition bruxelloise de sortir des énergies fossiles.

Le réseau fonctionne à basse température en combinant deux sources innovantes :

  • Géothermie : récupération de chaleur sous l’espace public, notamment dans le parc Maximilien

  • Riothermie : valorisation de la chaleur des eaux usées circulant dans les égouts

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Potentiel géothermique régional

La géothermie bruxelloise se concentre sur des installations peu profondes (50 à 200 m) utilisant la température constante du sous-sol (10 à 14°C à 20-30 m de profondeur). Les pompes à chaleur géothermiques associées offrent une excellente efficacité énergétique : production de 5 kW d’énergie thermique pour seulement 1 kW d’électricité consommée.

Le site geothermie.brussels recense les projets de recherche menés par les universités bruxelloises (ULB, VUB) et le Service Géologique de Belgique pour optimiser le développement de cette filière.

Communautés d’énergie : la révolution citoyenne

Une croissance exponentielle

Depuis l’entrée en vigueur du cadre réglementaire en avril 2022, les communautés d’énergie bruxelloises connaissent un essor remarquable. Plus de 1 000 participants sont désormais impliqués dans des projets de partage d’électricité locale, démontrant l’appétit des Bruxellois pour une énergie décentralisée et solidaire.

Brugel, le régulateur bruxellois, a autorisé 5 nouvelles communautés d’énergie en 2025 , portées par des citoyens, associations et acteurs locaux. Ces projets renforçant l’autonomie énergétique tout en créant du lien social à l’échelle des quartiers.

Trois modèles complémentaires

La réglementation bruxelloise reconnaît trois types de partage d’énergie :

  1. Partage de pair à pair : entre deux personnes ou bâtiments voisins

  2. Partage intra-bâtiment : au sein d’un même immeuble ou copropriété

  3. Communauté d’énergie : réseau élargi impliquant plusieurs producteurs et consommateurs dans différents bâtiments

Retours d’expérience positifs

Les premières communautés d’énergie, comme le projet pilote de Ganshoren lancé en 2023, montrent des résultats encourageants. Les participants bénéficient d’ économies sur leur facture énergétique tout en contribuant à la transition écologique locale.

Le Facilitateur Partage et Communautés d’énergie de Bruxelles Environnement accompagne gratuitement les porteurs de projets, simplifiant les démarches administratives et techniques.

Impact économique et environnemental

Avantages quantifiés

L’étude coûts-avantages de Brugel révèle l’impact positif des communautés d’énergie : évitement de 138 à 2 762 kt de CO2 d’émissions de gaz à effet de serre sur la période 2023-2042, selon les scénarios. Ces projets retardent les investissements de renforcement du réseau en particulier les photos d’injection d’électricité renouvelable.

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Lutte contre la précarité énergétique

Les communautés d’énergie constituent un instrument décarboné contre la précarité énergétique , incluant les classes sociales précaires dans la transition écologique. Le projet Be.Share implique ainsi 331 ménages à faibles revenus dans sa conception, garantissant une approche inclusive.

Défis et perspectives d’avenir

Sortie programmée des énergies fossiles

La Région accélère l’abandon des combustibles fossiles : interdiction des chaudières au mazout dès juin 2025 , restrictions sur les chaudières au gaz, et obligation PEB renforcée pour tous les logements. Ces mesures créent une dynamique favorable aux énergies renouvelables.

Objectifs 2030-2050

D’ici 2030, Bruxelles vise 11 700 GWh d’énergie renouvelable et une réduction de 55% des émissions de GES . L’horizon 2050 impose la neutralité carbone, nécessitant une transformation complète du système énergétique régional.

Les réseaux de chaleur, aujourd’hui marginaux (moins d’1% en Belgique), doivent se développer massivement pour rattraper les normes européennes (15% en France, 65% en Suède).

Bruxelles, laboratoire de la transition énergétique

La transition énergétique bruxelloise allie innovation technologique, mobilisation citoyenne et volonté politique. Les projets pilotes d’éolien urbain, les réseaux de chaleur géothermiques et l’essor des communautés d’énergie positionnent la région comme un laboratoire européen de solutions décarbonées.

Le défi reste immense : transformer un système énergétique centenaire en une décennie. Mais les premiers résultats – 23 000 installations solaires, 1 000 participants aux communautés d’énergie, projets géothermiques innovants – dessinent les contours d’une capitale véritablement durable.

L’année 2025 marque un tournant avec l’interdiction des chaudières fossiles et l’accélération des investissements européens. Bruxelles écrit ainsi une nouvelle page de son histoire énergétique, réconciliant ambition climatique et justice sociale.

 

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