Bruxelles reprend le tram : lignes 92, 93 et 81 de retour sous haute surveillance

À partir du lundi 22 décembre, les trams bruxellois 92 et 93 retrouveront leur tracé historique place Royale et rue de la Régence, tandis que la ligne 81 reprendra partiellement son itinéraire rue du Bailli. Ce retour s’inscrit dans un vaste chantier de modernisation, mais se double de perturbations durables pour les usagers et la circulation automobile jusqu’au printemps 2026.

Un retour très attendu des lignes 92 et 93 place Royale

Concrètement, les travaux menés sur la place Royale et dans la rue de la Régence ont permis la pose de nouvelles voies de tramway ainsi que la modernisation des infrastructures existantes. Grâce à ces aménagements, les trams des lignes 92 et 93 circuleront à nouveau sur l’ensemble de leur trajet dès le 22 décembre. Les usagers retrouveront ainsi une continuité de dessertes appréciable après plusieurs mois de déviations vers les rues adjacentes.

Cependant, la mise en service de ces nouvelles voies ne marque qu’une première étape. Les déviations pour les automobiles et les bus resteront en vigueur jusqu’à la fin annoncée des travaux de chaussée et de trottoirs, prévue en février 2026. En pratique, chauffeurs de bus et conducteurs particuliers devront encore composer avec des itinéraires alternatifs et des ralentissements, notamment aux heures de pointe.

La ligne 81 s’étend jusqu’à la Trinité malgré des interruptions

Parallèlement, la société de transports bruxelloise a terminé la pose de nouvelles voies rue du Bailli et installé un aiguillage qui permet désormais aux trams de la ligne 81 de poursuivre leur trajet jusque devant l’église de la Trinité. Jusque-là, le terminus se situait à la place Flagey, privant les riverains d’une liaison directe avec ce quartier en plein essor.

Malgré ce progrès, la ligne 81 reste interrompue entre Barrière et Trinité en raison des travaux de voirie rue Moris. Les bus de la Stib (lignes 54 et 96) continuent d’être déviés via la rue Janson pour desservir les secteurs affectés. Cette situation perdurera jusqu’à la fin du chantier rue du Bailli, programmée pour mai 2026, date à laquelle les trottoirs seront également rénovés et l’arrêt Bailli rendu accessible aux personnes à mobilité réduite.

Des chantiers d’envergure au cœur historique de Bruxelles

Ces travaux s’inscrivent dans une dynamique de rénovation urbaine impulsée par Bruxelles Mobilité et la Stib. Objectif affiché : moderniser le réseau de transport en commun, améliorer l’accessibilité et revaloriser des sites patrimoniaux tels que la place Royale, classée au patrimoine de l’UNESCO. À terme, la ville entend réduire sa dépendance à l’automobile et favoriser les modes doux.

Le chantier de la place Royale a mobilisé d’importants moyens techniques et financiers. Outre le remplacement des rails, il a fallu revoir l’assainissement des sols, repenser l’éclairage public et concevoir des trottoirs adaptés aux besoins des piétons et des cyclistes. Ces interventions complexes exigent des phases de tests et d’ajustement, d’où la durée prolongée de la déviation.

Perturbations prolongées pour usagers et automobilistes

En pratique, les automobilistes doublent parfois leur temps de trajet pour contourner la place Royale via les boulevards intérieurs. Les lignes de bus traditionnelles sont détournées depuis plus de six mois, générant un surcoût pour la Stib et une gêne pour les passagers. La situation est d’autant plus tendue que les circulations alternatives sont parfois saturées, surtout aux heures de pointe.

Les commerçants du quartier font état de baisses ponctuelles de fréquentation et réclament un soutien financier ou logistique. Face à ces critiques, la Ville de Bruxelles a multiplié les réunions d’information et mis en place des panneaux interactifs pour guider les usagers. Toutefois, l’objectif reste de maintenir le cap sur un chantier qui s’étendra jusqu’en mai 2026 pour la rue du Bailli et février 2026 pour la place Royale.

Enjeux d’accessibilité et de durabilité

Au cœur du projet figurent l’amélioration de l’accessibilité des transports en commun pour tous les publics. L’arrêt Bailli, anciennement inadapté aux personnes à mobilité réduite, sera rehaussé et doté de rampes prévues par la législation européenne. À terme, toutes les stations concernées bénéficieront d’abribus modernisés et de zones d’échanges mieux sécurisées.

Sur le plan environnemental, la mise à niveau des voies doit réduire les nuisances sonores et la consommation énergétique des rames. Les rails neufs assurent un roulement plus silencieux, tandis que l’éclairage LED installé sur la place Royale diminue la facture électrique et l’impact carbone. À plus long terme, ces investissements s’inscrivent dans le plan climat régional pour encourager le public vers les transports collectifs.

Vers un bilan économique et social

Si l’on en croit les prévisions, la remise en service complète des lignes 92, 93 et 81 doit générer un gain de temps estimé à plusieurs minutes par trajet, contribuant à fluidifier la mobilité urbaine. Mais le coût total des chantiers – rail, assainissement, éclairage, mobilier urbain – reste conséquent. Les autorités promettent un retour sur investissement via un accroissement de l’attractivité du centre-ville et une diminution de l’usage de la voiture.

Plusieurs questions restent ouvertes : quelles leçons tirer des dépassements de délais et de budget ? Comment mesurer l’impact réel sur le chiffre d’affaires des commerçants et sur la satisfaction des usagers ? Et surtout, la coordination entre la Stib et Bruxelles Mobilité permettra-t-elle d’éviter des chantiers croisés à l’avenir ? À terme, ce vaste programme de modernisation doit servir de référence pour d’autres mues urbaines dans la capitale.