L’économie bruxelloise en sursis : entre faiblesse structurelle et regain de confiance
Au premier semestre 2025, Bruxelles enregistre une croissance du secteur marchand quasi nulle (+0,1 %), loin derrière la Wallonie (+0,8 %) et la Flandre (+0,4 %). Pour autant, la baisse de l’inflation et un léger redressement des investissements redonnent des couleurs aux entreprises et aux ménages. Ces signaux positifs apparaissent cependant fragiles, tant le contexte politique et budgétaire régional demeure paralysé.
Un bilan mi-2025 marqué par une croissance anémique
Selon l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse (IBSA), la progression de l’économie marchande bruxelloise atteint seulement +0,1 % au premier semestre 2025. Concrètement, cela signifie que la capitale peine à générer de la valeur ajoutée, quand la Wallonie enregistre +0,8 % et la Flandre +0,4 %. Cette performance s’explique par la structure même de l’économie bruxelloise, davantage orientée vers les services et l’administration que vers l’industrie lourde. À terme, cette dépendance aux activités de bureaux et aux fonctions support limite la capacité de la région à absorber les chocs externes et à rivaliser avec les autres territoires belges.
En pratique, Bruxelles paie aussi son manque d’investissements publics efficaces, alors même que le ralentissement général de l’inflation offrait une opportunité de relance. Dans ce contexte, la capitale européenne reste confrontée à un dilemme : renforcer sa spécialisation tertiaire ou tenter une réindustrialisation partielle pour diversifier ses sources de croissance.
Chute de l’inflation et hausse des investissements : les moteurs du regain de confiance
Après une période d’inflation élevée, la décrue des prix a redonné du souffle aux entreprises et aux ménages bruxellois. Concrètement, le taux d’inflation s’est réduit, abaissant le coût de l’emprunt et redonnant du pouvoir d’achat aux consommateurs. Ce climat de moindre incertitude a encouragé les chefs d’entreprise à investir davantage : les investissements du secteur marchand progressent de +1,2 % par rapport au premier semestre 2024.
En pratique, ces dépenses de modernisation concernent surtout les filières à forte valeur ajoutée : technologies de l’information, sièges sociaux, industries alimentaire et pharmaceutique. Les investissements dans la gestion des déchets traduisent, quant à eux, une évolution vers une économie plus circulaire. Cependant, si ces secteurs montrent une résilience remarquable, cette dynamique reste concentrée et ne compense pas encore la faiblesse générale de l’activité.
Industrie en déclin et construction en reprise timide
Alors que certains segments performants renforcent leur présence, le secteur industriel bruxellois plonge à nouveau : la production manufacturière recule de 6 % en 2025. À long terme, cette décrue traduit l’érosion des activités traditionnelles face à la concurrence internationale et au coût élevé de l’énergie. Certains pôles comme la pharmacie, l’alimentaire et la gestion des déchets résistent mieux, témoignant d’une spécialisation vers des niches plus innovantes.
En parallèle, le secteur de la construction redémarre lentement, mais sans retrouver son niveau antérieur à la crise sanitaire de 2019. Concrètement, le volume de chantiers reste inférieur de plusieurs points à celui d’il y a cinq ans. Cette reprise dépend en grande partie des investissements publics dans les infrastructures et le logement social, eux-mêmes retardés par le blocage budgétaire. À terme, la vitalité du bâti bruxellois sera un indicateur clé de l’amélioration du climat économique.
Blocage politique et contraintes budgétaires : un couple paralysant
Depuis près de 550 jours, la Région bruxelloise fonctionne sans gouvernement. Cette situation inédite freine la prise de décisions stratégiques et bloque les investissements publics massifs, dont dépendent fortement le secteur de la construction et les grands projets de mobilité. À terme, l’absence d’exécutif régional retarde les plans de rénovation urbaine, l’amélioration des transports en commun et le soutien à l’innovation.
Par ailleurs, les contraintes budgétaires imposées par Bruxelles-Capitale affaiblissent la capacité d’intervention publique. Dans ce contexte, l’IBSA souligne que même les signaux de confiance porteurs peuvent rapidement s’éroder si la paralysie politique se poursuit. Concrètement, un tel blocage creuse le fossé entre les besoins d’investissements et les moyens alloués, risquant de faire atterrir brutalement la région en cas de choc économique soudain.
Perspectives d’emploi et défis structurels
Malgré un contexte délicat, les entreprises bruxelloises font état d’intentions d’embauche plus élevées, notamment dans les services aux entreprises. Ce secteur, pilier de l’économie régionale, pourrait absorber une partie des demandeurs d’emploi et réduire le taux de chômage, historiquement élevé à Bruxelles. Cependant, à terme, la concrétisation de ces intentions dépendra de la stabilité politique et de la capacité de la région à financer la formation professionnelle et les infrastructures tertiaires.
Au-delà de l’emploi, Bruxelles doit relever plusieurs défis structurels : la hausse du nombre de travailleurs pauvres, la complexité fiscale, le coût du logement et la transition vers une économie bas carbone. En pratique, la réussite de la relance passera par la formation rapide d’un gouvernement capable de débloquer des budgets et de piloter une stratégie de diversification économique. Dans ce contexte, la capitale européenne fera face à la question ouverte : la confiance retrouvée sera-t-elle suffisante pour enclencher une véritable dynamique de croissance durable ?
Olivier Meynaerts est un éditorialiste aguerri avec une expérience dans le domaine de l’analyse et de la critique. Reconnu pour sa capacité à interpréter l’actualité avec perspicacité, il offre des perspectives éclairées et provocantes. Sa plume incisive et son engagement envers une information de qualité font de lui un leader d’opinion respecté, guidant notre équipe avec détermination.


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