80 millions d’espoirs partis en fumée face à la « HumanNature » louvaniste

Bruxelles, septembre 2024 – C’est fini. Après des années d’espoir, de mobilisation citoyenne et de grands discours sur la rédemption par la culture, Molenbeek vient de se prendre une claque magistrale dans sa course au titre de Capitale européenne de la Culture 2030. Face au jury international, la commune aux mille et une promesses s’est inclinée devant Louvain et son projet « HumanNature », laissant sur le carreau un rêve à 80-90 millions d’euros et des habitants en larmes.

Dur réveil après tant de « Sadaka »…

Le Syndrome du « Presque-Y-Était »

Quand l’annonce tombe ce mercredi à la Bibliothèque royale, la scène est cruelle : les Louvanistes jubilent, les Molenbeekois fondent en larmes. Fatima Zibouh et Jan Goossens, les porteurs du projet bruxellois, n’ont même pas le temps d’encaisser le choc. Direction consolation des troupes, avec ce commentaire amer : « Ça aurait pu être un symbole si fort. C’était le créneau parfait pour Molenbeek et ça, c’est raté ».

Le créneau parfait, vraiment ? Pour une commune qui depuis 2016 et les attentats de Bruxelles tente de redorer son blason, l’occasion était effectivement en or. Sauf que visiblement, « tous les esprits n’étaient peut-être pas prêts », comme le confie amèrement Jan Goossens.

80 Millions d’Euros : L’Addition qui Fait Mal

Car derrière les beaux discours sur la « générosité » et la « Sadaka » (concept central du projet molenbeekoise), il y avait surtout une sacré facture à la clé :

• 40 millions promis par la Région bruxelloise
• 15 millions du fédéral
• Un budget total estimé entre 80 et 90 millions d’euros

Tout cet argent qui devait transformer Molenbeek en laboratoire culturel européen ? Envolé avec la défaite. Comme le concède le bourgmestre faisant fonction Amet Gjanaj : « La dimension des actions qui seront mises en place sera donc fatalement réduite ».

Traduction : retour à la réalité budgétaire communale, loin des millions européens.

Le Paradoxe Molenbeekois : Trop d’Ambition, Pas Assez d’Image

L’ironie de la situation n’échappera à personne. Molenbeek, commune de 95 000 habitants dont 41% ont moins de 20 ans (la troisième plus jeune de Belgique !), avait tout pour séduire : diversité, jeunesse, énergie créative…

Mais voilà, les stigmates ont la vie dure. Comme le reconnait le bourgmestre : « Les deux autres communes étaient avantagées dans leur capacité à s’organiser et être prêtes pour ce genre d’événement. Ça allait plus vite que chez nous, où il y avait plus de travail à faire ».

Comprendre : Molenbeek partait avec un handicap d’image que trois années de campagne n’ont visiblement pas suffi à effacer.

Louvain : La Victoire de l’Évidence

Face à cette Molenbeek en quête de respectabilité culturelle, Louvain a joué la carte de l’évidence avec son projet « HumanNature ». Une ville universitaire historique, sans casseroles médiatiques, avec des infrastructures rodées… Le choix de la sécurité, en somme.

Le jury l’a d’ailleurs formulé diplomatiquement : « Les trois candidates pour 2030 ont mis la barre très haut […] Peu importe le résultat, les trois villes ont déjà accompli beaucoup et peuvent être fières ».

Traduction : « Bravo pour l’effort, mais on va quand même donner le titre à celui qui ne nous fait pas prendre de risques. »

Les Larmes de Crocodile de la Consolation

Bien sûr, tout le monde y va de sa petite consolation post-défaite. Fatima Zibouh, la gorge nouée : « Le train est lancé, on ne fera pas marche arrière. Il y aura encore des banquets, encore des festivals à Molenbeek ».

Sauf que sans les 55 millions d’euros publics promis, ces « banquets » risquent de ressembler à des sandwichs sur les genoux dans les locaux associatifs. La réalité budgétaire, c’est cruel.

Le Réveil Sera Difficile

Au-delà des déclarations d’intention, la question se pose : que reste-t-il du projet MB2030 ? Une stratégie culturelle sur le papier, certes. Mais sans le budget qui va avec, c’est un peu comme avoir le plan d’une Ferrari avec un moteur de 2CV.

« C’est le début de quelque chose, peut-être de plus libre », tente encore Fatima Zibouh. Plus libre… ou plus fauché ? L’avenir le dira.

L’Europe Préfère ses Valeurs Sûres

Au final, cette défaite illustre parfaitement les limites de l’exercice « Capitale européenne de la Culture ». Sur le papier, l’idée de donner sa chance à une commune en quête de rédemption culturelle était séduisante. Dans la réalité, l’Europe préfère ses valeurs sûres à ses paris risqués.

Louvain, avec ses 100 000 habitants, son université prestigieuse et son image sans tache, représentait le choix de la raison. Molenbeek, avec ses défis sociaux et son passé médiatique compliqué, était celui du cœur.

Le cœur a perdu. Comme souvent.

Le bilan en chiffres :

• 3 ans de campagne intensive
• 80-90 millions d’euros de budget espéré
• 95 000 habitants mobilisés pour rien
• 0 euro de consolation européenne

Reste à Molenbeek la satisfaction d’avoir essayé. Et une facture de campagne à payer avec les deniers communaux.

Épilogue : Le jury rendra son rapport dans un mois pour expliquer sa décision. On découvrira alors officiellement pourquoi Louvain valait mieux que Molenbeek. Comme si on ne s’en doutait pas déjà…